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Default Does Howard Dean Need Anger Management?

Edwards on Dean: 'We Can't Win' on Anger

By RON FOURNIER
AP Political Writer

December 12, 2003, 1:29 PM EST

WASHINGTON -- Toiling in Howard Dean's political shadow, Democratic
presidential rival John Edwards said Friday he's offering voters a
campaign of optimism, inclusion and substance -- a far cry, he
suggests, from the fiery rhetoric and partisanship that have fueled
the front-runner's ascent.

"If all we are in 2004 is a party of anger, we can't win," Edwards
said in remarks prepared for delivery Friday to the Commonwealth Club
in San Francisco.

"If all we are is divisive and angry and if all we do is attack
President Bush and each other, then we will not win the White House in
2004," he said in a speech that aides billed as a critique of Dean's
campaign methods. "And we won't deserve to."

The address is the latest in a series of salvos aimed at Dean since
former Vice President Al Gore endorsed his candidacy, adding momentum
to a campaign that was already leading in key state polls. Private
surveys conducted by the campaigns show Dean making huge initial gains
in Iowa, and campaign strategists say they suspect he will get at
least a short-term boost in national polls.

Without mentioning Dean by name, Edwards picked apart the former
Vermont governor's perceived political advantages: His appeal to
liberal voters and landmark use of the Internet.

"We hear a lot about which candidate can engage the most partisans in
December of 2003, and that's important. But what's more important is
which candidate will help the most Americans, because that's what
matters in November 2004," Edwards said.

"It's great to engage people through the Internet, but we need to make
sure we reach every American: not just those who can afford a
computer, but those who can't and those who have no interest in
signing up in any campaign. People like that matter, too," he said.

The North Carolina senator led the criticism against Dean when the
former Vermont governor said he wanted to court Southern Democrats who
drive around with Confederate flags in their pickup trucks. Dean has
promised to change the subject to health care, education or jobs when
Republicans try to criticism him on abortion, gay rights or other
social issues.

"I will never cede this values debate to the Republicans," he said.
"Some in my party want to duck the values debate. They want to say to
America: 'We're not interested in your values; we want to change the
subject to anything else.' That's wrong. You can't tell voters what to
believe or what to vote on."

Though he challenged Dean over the Confederate flag, Edwards has been
one of the least critical candidates when it comes to his Democratic
rivals. In a speech titled "Defense of Optimism," he said Americans
want a president who reflects their positive, productive viewpoints.

"The American people know that their best days are in front of us.
They want a president who believes that too," he said.

Promising a "contest of ideas" -- a phrase borrowed from former
President Clinton -- Edwards said he supported tax cuts for the middle
class and a ban on political donations from lobbyists.
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Lionel
 
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pyjamarama a écrit :

[snip]

Not NostraMiddius but Karl MARX :

VII° section : Accumulation du capital
Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste
III. - Production croissante d’une surpopulation relative ou d’une armée
industrielle de réserve

La demande de travail absolue qu'occasionne un capital est en raison non
de sa grandeur absolue, mais de celle de sa partie variable. qui seule
s'échange contre la force ouvrière. La demande de travail relative
qu'occasionne un capital, c'est-à-dire la proportion entre sa propre
grandeur et la quantité de travail qu'il absorbe, est déterminée par la
grandeur proportionnelle de sa fraction variable Nous venons de
démontrer que l'accumulation qui fait grossir le capital social réduit
simultanément la grandeur proportionnelle de sa partie variable et
diminue ainsi la demande de travail relative. Maintenant, quel est
l'effet de ce mouvement sur le sort de la classe salariée ?

Pour résoudre ce problème, il est clair qu'il faut d'abord examiner de
quelle manière l'amoindrissement subi par la partie variable d'un
capital en voie d'accumulation affecte la grandeur absolue de cette
partie, et par conséquent de quelle manière une diminution survenue dans
la demande de travail relative réagit sur la demande de travail absolue
ou effective.

Tant qu'un capital ne change pas de grandeur, tout décroissement
proportionnel de sa partie variable en est du même coup un décroissement
absolu. Pour qu'il en soit autrement, il faut que le décroissement
proportionnel soit contrebalancé par une augmentation survenue dans la
somme totale de la valeur-capital avancée. La partie variable qui
fonctionne comme fonds de salaire diminue donc en raison directe du
décroissement de sa grandeur proportionnelle et en raison inverse de
l'accroissement simultané du capital tout entier. Partant de cette
prémisse, nous obtenons les combinaisons suivantes :

Premièrement : Si la grandeur proportionnelle du capital variable
décroît en raison inverse de l'accroissement du capital tout entier, le
fonds de salaire ne change pas de grandeur absolue. Il s'élèvera, par
exemple toujours à quatre cents francs, qu'il forme deux cinquièmes d'un
capital de mille francs ou un cinquième d'un capital de deux mille francs.

Deuxièmement : Si la grandeur proportionnelle du capital variable
décroît en raison supérieure à celle de l'accroissement du capital tout
entier, le fonds de salaire subit une diminution absolue, malgré
l'augmentation absolue de la valeur-capital avancée.

Troisièmement : Si la grandeur proportionnelle du capital variable
décroît en raison inférieure à celle de l'accroissement du capital tout
entier, le fonds de salaire subit une augmentation absolue, malgré la
diminution survenue dans sa grandeur proportionnelle.

Au point de vue de l'accumulation sociale, ces différentes combinaisons
affectent la forme et d'autant de phases successives que les masses du
capital social réparties entre les différentes sphères de production
parcourent l'une après l'autre, souvent en sens divers, et d'autant de
conditions diverses simultanément présentées par différentes sphères de
production. Dans le chapitre sur la grande industrie nous avons
considéré ces deux aspects du mouvement.

On se souvient, par exemple, de fabriques où un même nombre d'ouvriers
suffit à mettre en œuvre une somme croissante de matières et
d'outillage. Là l'accroissement du capital ne provenant que de
l'extension de sa partie constante fait diminuer d'autant la grandeur
proportionnelle de sa partie variable ou la masse proportionnelle de la
force ouvrière exploitée, mais n'en altère pas la grandeur absolue.

Comme exemples d'une diminution absolue du nombre des ouvriers occupés
dans certaines grandes branches d'industrie et de son augmentation
simultanée dans d'autres, bien que toutes se soient également signalées
par l'accroissement du capital y engagé et le progrès de leur
productivité, nous mentionnerons ici qu'en Angleterre, de 1851 à 1861,
le personnel engagé dans l'agriculture s'est abaissé de deux millions
onze mille quatre cent quarante-sept individus à un million neuf cent
vingt-quatre mille cent dix; celui engagé dans la manufacture de laine
longue de cent deux mille sept cent quatorze à soixante-dix-neuf mille
deux cent quarante-neuf; celui engagé dans la fabrique de soie de cent
onze mille neuf cent quarante à cent un mille six cent
soixante-dix-huit, tandis que dans la même période le personnel engagé
dans la filature et la tissanderie de coton s'est élevé de trois cent
soixante et onze mille sept cent soixante-dix-sept individus à quatre
cent cinquante-six mille six cent quarante-six, et celui engagé dans les
manufactures de fer de soixante-huit mille cinquante-trois à cent
vingt-cinq mille sept cent onze [1].

Enfin, quant à l'autre face de l'accumulation sociale, qui montre son
progrès dans une même branche d'industrie alternativement suivi
d'augmentation, de diminution ou de l'état sta,tionnaire du chiffre des
ouvriers employés, l'histoire des péripéties subies par l'industrie
cotonnière nous en a fourni l'exemple le plus frappant.

En examinant une période de plusieurs années, par exemple, une période
décennale, nous trouverons en général qu'avec le progrès de
l'accumulation sociale le nombre des ouvriers exploités s'est aussi
augmenté, bien que les différentes années prises à part contribuent à
des degrés très divers à ce résultat, ou que certaines même n'y
contribuent pas du tout. Il faut donc bien que l'état stationnaire, ou
le décroissement, du chiffre absolu de le population ouvrière occupée,
qu'on trouve au bout du compte dans quelques industries à côté d'un
considérable accroissement du capital y engagé, aient été plus que
compensés par d'autres industries où l'augmentation de la force ouvrière
employée l'a définitivement emporté sur les mouvements en sens
contraire. Mais ce résultat ne s'obtient qu'au milieu de secousses et
dans des conditions de plus en plus difficiles à remplir.

Le décroissement proportionnel de grandeur que la partie variable du
capital subit, dans le cours de l'accumulation et de l'extension
simultanée des puissances du travail, est progressif. Que, par exemple,
le rapport entre le capital constant et le capital variable fût à
l'origine comme 1 : 1, et il deviendra 2 : 1, 3 : 1, 5 : 1, 6 : 1, etc.,
en sorte que de degré en degré 2/3, 3/4, 5/6, 6/7, etc. de la
valeur-capital totale, s'avancent en moyens de production et, par
contre, 1/3, 1/4, 1/6, 1/7, etc., seulement, en force ouvrière

Quand même la somme totale du capital serait dans le même ordre,
triplée, quadruplée, sextuplée, septuplée, etc., cela ne suffirait pas à
faire augmenter le nombre des ouvriers employés. Pour produire cet
effet, il faut que l'exposant de la raison dans laquelle la masse du
capital social augmente soit supérieur à celui de la raison dans
laquelle le fonds de salaire diminue de grandeur proportionnelle.

Donc, plus bas est déjà descendu son chiffre proportionnel, plus rapide
doit être la progression dans laquelle le capital social augmente : mais
cette progression même devient la source de nouveaux changements
techniques qui réduisent encore la demande de travail relative. Le jeu
est donc à recommencer.

Dans le chapitre sur la grande industrie, nous avons longuement traité
des causes qui font qu'en dépit des tendances contraires les rangs des
salariés grossissent avec le progrès de l'accumulation. Nous
rappellerons ici en quelques mots ce qui a immédiatement trait à notre
sujet.

Le même développement des pouvoirs productifs du travail, qui occasionne
une diminution, non seulement relative, mais souvent absolue, du nombre
des ouvriers employés dans certaines grandes branches d'industrie,
permet à celles-ci de livrer une masse toujours croissante de produits à
bon marché. Elles stimulent ainsi d'autres industries, celles à qui
elles fournissent des moyens de production, ou bien celles dont elles
tirent leurs matières, instruments, etc.; elles en provoquent
l'extension. L'effet produit sur le marché de travail de ces industries
sera très considérable, si le travail à la main y prédomine. «
L'augmentation du nombre des ouvriers », dit le rédacteur officiel du
Recensement du Peuple Anglais en 1861, - « atteint en générai son
maximum dans les branches d'industrie où les machines n'ont pas encore
été introduites avec succès [2]. » Mais nous avons vu ailleurs que
toutes ces industries passent à leur tour par la métamorphose technique
qui les adapte au mode de production moderne.

Les nouvelles branches de la production auxquelles le progrès économique
donne lieu forment autant de débouchés additionnels pour le travail. A
leur origine ils revêtent la forme du métier, de la manufacture, ou
enfin celle de la grande industrie. Dans les deux premiers cas, il leur
faudra passer par la transformation mécanique, dans le dernier la
centralisation du capital leur permet de mettre sur pied d'immenses
armées industrielles qui étonnent la vue et semblent sortir de terre.
Mais, si vaste que paraisse la force ouvrière ainsi embauchée, son
chiffre proportionnel, tout d'abord faible comparé à la masse du capital
engagé, décroît aussitôt que ces industries ont pris racine.

Enfin, il y a des intervalles où les bouleversements techniques se font
moins sentir, où l'accumulation se présente davantage comme un mouvement
d'extension quantitative sur la nouvelle base technique une fois
acquise. Alors, quelle que soit la composition actuelle du capital, la
loi selon laquelle la demande de travail augmente dans la même
proportion que le capital recommence plus ou moins à opérer. Mais, en
même temps que le nombre des ouvriers attirés par le capital atteint son
maximum, les produits deviennent si surabondants qu'au moindre obstacle
dans leur écoulement le mécanisme social semble s'arrêter; la répulsion
du travail par le capital opère tout d'un coup, sur la plus vaste
échelle et de la manière la plus violente; le désarroi même impose aux
capitalistes des efforts suprêmes pour économiser le travail. Des
perfectionnements de détail graduellement accumulés se concentrent alors
pour ainsi dire sous cette haute pression; ils s'incarnent dans des
changements techniques qui révolutionnent la composition du capital sur
toute la périphérie de grandes sphères de production. C'est ainsi que la
guerre civile américaine poussa les filateurs anglais à peupler leurs
ateliers de machines plus puissantes et à les dépeupler de travailleurs.
Enfin, la durée de ces intervalles où l'accumulation favorise le plus la
demande de travail se raccourcit progressivement.

Ainsi donc, dès que l'industrie mécanique prend le dessus, le progrès de
l'accumulation redouble l'énergie des forces qui tendent à diminuer la
grandeur proportionnelle du capital variable et affaiblit celles qui
tendent à en augmenter la grandeur absolue. Il augmente avec le capital
social dont il fait partie, mais il augmente en proportion décroissante [3].

La demande de travail effective étant réglée non seulement par la
grandeur du capital variable déjà mis en œuvre, mais encore par la
moyenne de son accroissement continu, l'offre de travail reste normale
tant qu'elle suit ce mouvement. Mais, quand le capital variable descend
à une moyenne d'accroissement inférieure, la même offre de travail qui
était jusque-là normale devient désormais anormale, surabondante, de
sorte qu'une fraction plus ou moins considérable de la classe salariée,
ayant cessé d'être nécessaire pour la mise en valeur du capital, et
perdu sa raison d'être, est maintenant devenue superflue, surnuméraire.
Comme ce jeu continue à se répéter avec la marche ascendante de
l'accumulation, celle-ci traîne à sa suite une surpopulation croissante.

La loi de la décroissance proportionnelle du capital variable, et de la
diminution correspondante dans la demande de travail relative, a donc
pour corollaires l'accroissement absolu du capital variable et
l'augmentation absolue de la demande de travail suivant une proportion
décroissante, et enfin pour complément : la production d'une
surpopulation relative. Nous l'appelons « relative », parce qu'elle
provient non d'un accroissement positif de la population ouvrière qui
dépasserait les limites de la richesse en voie d'accumulation, mais, au
contraire, d'un accroissement accéléré du capital social qui lui permet
de se passer d'une partie plus ou moins considérable de ses manouvriers.
Comme cette surpopulation n'existe que par rapport aux besoins
momentanés de l'exploitation capitaliste, elle peut s'enfler et se
resserrer d'une manière subite.

En produisant l'accumulation du capital, et à mesure qu'elle y réussit,
la classe salariée produit donc elle-même les instruments de sa mise en
retraite ou de sa métamorphose en surpopulation relative. Voilà la loi
de population qui distingue l'époque capitaliste et correspond à son
mode de production particulier. En effet, chacun des modes historiques
de la production sociale a aussi sa loi de population propre, loi qui ne
s'applique qu'à lui, qui passe avec lui et n'a par conséquent qu'une
valeur historique. Une loi de population abstraite et immuable n'existe
que pour la plante et l'animal, et encore seulement tant qu'ils ne
subissent pas l'influence de l'homme.

La loi du décroissement progressif de la grandeur proportionnelle du
capital variable, et les effets qu'elle produit sur l'état de la classe
salariée, ont été plutôt pressentis que compris par quelques économistes
distingués de l'école classique. Le plus grand mérite à cet égard
revient à John Barton, bien qu'il confonde le capital constant avec le
capital fixe et le capital variable avec le capital circulant. Dans ses
« Observations sur les circonstances qui influent sur la condition des
classes laborieuses de la société », il dit :

« La demande de travail dépend de l'accroissement non du capital fixe,
mais du capital circulant. S'il était vrai que la proportion entre ces
deux sortes de capital soit la même en tout temps et dans toute
circonstance, il s'ensuivrait que le nombre des travailleurs employés
est en proportion de la richesse nationale. Mais une telle proposition
n'a pas la moindre apparence de probabilité. A mesure que les arts sont
cultivés et que la civilisation s'étend, le capital fixe devient de plus
en plus considérable, par rapport au capital circulant. Le montant de
capital fixe employé dans une pièce de mousseline anglaise est au moins
cent fois et probablement mille fois plus grand que celui qu'exige une
pièce pareille de mousseline indienne. Et la proportion du capital
circulant est cent ou mille fois plus petite... L'ensemble des épargnes
annuelles, ajouté au capital fixe, n'aurait pas le pouvoir d'augmenter
la demande de travail [4]. » Ricardo, tout en approuvant les vues
générales de Barton, fait cependant, à propos du passage cité, cette
remarque : « Il est difficile de comprendre que l'accroissement du
capital ne puisse, en aucune circonstance, être suivi d'une plus grande
demande de travail; ce qu'on peut dire tout au plus, c'est que la
demande se fera dans une proportion décroissante (« the demand will be
in a diminishing ratio [5]. »). » Il dit ailleurs : « Le fonds d'où les
propriétaires fonciers et les capitalistes tirent leurs revenus peut
augmenter en même temps que l'autre, dont la classe ouvrière dépend,
peut diminuer; il en résulte que la même cause (à savoir : la
substitution de machines au travail humain) qui fait monter le revenu
net d'un pays peut rendre la population surabondante (« render the
population redundant ») et empirer la condition du travailleur [6]. »
Richard Jones déclare à son tour : « Le montant du capital destiné à
l'entretien du travail peut varier indépendamment de tout changement
dans la masse totale du capital... De grandes fluctuations dans la somme
du travail employé et de grandes souffrances peuvent devenir plus
fréquentes à mesure que le capital lui-même devient plus abondant[7]. »
Citons encore Ramsay : « La demande de travail s'élève... non en
proportion du capital général. Avec le progrès de la société, toute
augmentation du fonds national destiné à la reproduction arrive à avoir
de moins en moins d'influence sur le sort du travailleur [8] »

Si l'accumulation, le progrès de la richesse sur la base capitaliste,
produit donc nécessairement une surpopulation ouvrière, ceIIe-ci devient
à son tour le levier le plus puissant de l'accumulation, une condition
d'existence de la production capitaliste dans son état de développement
intégral. Elle forme une armée de réserve industrielle qui appartient au
capital d'une manière aussi absolue que s'il l'avait élevée et
disciplinée à ses propres frais. Elle fournit à ses besoins de
valorisation flottants, et, indépendamment de l'accroissement naturel de
la population, la matière humaine toujours exploitable et toujours
disponible.

La présence de cette réserve industrielle, sa rentrée tantôt partielle,
tantôt générale, dans le service actif, puis sa reconstitution sur un
cadre plus vaste, tout cela se retrouve au fond de la vie accidentée que
traverse l'industrie moderne, avec son cycle décennal à peu près
régulier - à part des autres secousses irrégulières - de périodes
d'activité ordinaire, de production à haute pression, de crise et de
stagnation.

Cette marche singulière de l'industrie, que nous ne rencontrons à aucune
époque antérieure de l'humanité, était également impossible dans la
période d'enfance de la production capitaliste. Alors, le progrès
technique étant lent et se généralisant plus lentement encore, les
changements dans la composition du capital social se firent à peine
sentir. En même temps l'extension du marché colonial récemment créé, la
multiplication correspondante des besoins et des moyens de les
satisfaire, la naissance de nouvelles branches d'industrie, activaient,
avec l'accumulation, la demande de travail. Bien que peu rapide, au
point de vue de notre époque, le progrès de l'accumulation vint se
heurter aux limites naturelles de la population, et nous verrons plus
tard qu'on ne parvint à reculer ces limites qu'à force de coups d'État.
C'est seulement sous le régime de la grande industrie que la production
d'un superflu de population devient un ressort régulier de la production
des richesses.

Si ce régime doue le capital social d'une force d'expansion soudaine,
d'une élasticité merveilleuse, c'est que, sous l'aiguillon de chances
favorables, le crédit fait affluer à la production des masses
extraordinaires de la richesse sociale croissante, de nouveaux capitaux
dont les possesseurs, impatients de les faire valoir, guettent sans
cesse le moment opportun; c'est, d'un autre côté, que les ressorts
techniques de la grande industrie permettent, et de convertir
soudainement en moyens de production supplémentaires un énorme surcroît
de produits, et de transporter plus rapidement les marchandises d'un
coin du monde à l'autre. Si le bas prix de ces marchandises leur fait
d'abord ouvrir de nouveaux débouchés et dilate les anciens, leur
surabondance vient peu à peu resserrer le marché général jusqu'au point
où elles en sont brusquement rejetées. Les vicissitudes commerciales
arrivent ainsi à se combiner avec les mouvements alternatifs du capital
social qui, dans le cours de son accumulation, tantôt subit des
révolutions dans sa composition, tantôt s'accroît sur la base technique
une fois acquise. Toutes ces influences concourent à provoquer des
expansions et des contractions soudaines de l'échelle de la production.

L'expansion de la production par des mouvements saccadés est la cause
première de sa contraction subite; celle-ci, il est vrai, provoque à son
tour celle-là, mais l'expansion exorbitante de la production, qui forme
le point de départ, serait-elle possible sans une armée de réserve aux
ordres du capital, sans un surcroît de travailleurs indépendant de
l'accroissement naturel de la population ? Ce surcroît s'obtient à
l'aide d'un procédé bien simple et qui tous les jours jette des ouvriers
sur le pavé, à savoir l'application de méthodes qui, rendant le travail
plus productif, en diminuent la demande. La conversion, toujours
renouvelée, d'une partie de la classe ouvrière en autant de bras à demi
occupés ou tout à fait désœuvrés, imprime donc au mouvement de
l'industrie moderne sa forme typique.

Comme les corps célestes ne fois lancés dans leurs orbes les décrivent
pour un temps indéfini, de même la production sociale une fois jetée
dans ce mouvement alternatif d'expansion et de contraction le répète par
une nécessité mécanique. Les effets deviennent causes à leur tour, et
des péripéties, d'abord irrégulières et en apparence accidentelles,
affectent de plus en plus la forme d'une périodicité normale. Mais c'est
seulement de l'époque où l'industrie mécanique, ayant jeté des racines
assez profondes, exerça une influence prépondérante sur toute la
production nationale; où, grce à elle, le commerce étranger commença à
primer le commerce intérieur; où le marché universel s'annexa
successivement de vastes terrains au Nouveau Monde, en Asie et en
Australie; où enfin les nations industrielles entrant en lice furent
devenues assez nombreuses, c'est de cette époque seulement que datent
les cycles renaissants dont les phases successives embrassent des années
et qui aboutissent toujours à une crise générale, fin d'un cycle et
point de départ d'un autre. Jusqu'ici la durée périodique de ces cycles
est de dix ou onze ans, mais il n'y a aucune raison pour considérer ce
chiffre comme constant. Au contraire, on doit inférer des lois de la
production capitaliste, telles que nous venons de les développer, qu'il
est variable et que la période des cycles se raccourcira graduellement.

Quand la périodicité des vicissitudes industrielles sauta aux yeux de
tout le monde, il se trouva aussi des économistes prêts à avouer que le
capital ne saurait se passer de son armée de réserve, formée par
l'infima plebs des surnuméraires.

« Supposons », dit H. Merrivale, qui fut tour à tour professeur
d'économie politique à l'Université d'Oxford, employé au ministère des
colonies anglaises et aussi un peu historien, « supposons qu'à
l'occasion d'une crise la nation s'astreigne à un grand effort pour se
débarrasser, au moyen de l'émigration, de quelque cent mille bras
superflus, quelle en serait la conséquence ? C'est qu'au premier retour
d'une demande de travail plus vive l'on se heurterait contre un déficit.
Si rapide que puisse être la reproduction humaine, il lui faut en tout
cas l'intervalle d'une génération pour remplacer des travailleurs
adultes. Or les profits de nos fabricants dépendent surtout de leur
faculté d'exploiter le moment favorable d'une forte demande et de
s'indemniser ainsi pour la période de stagnation. Cette faculté ne leur
est assurée qu'autant qu’ils ont à leur disposition des machines et des
bras; il faut qu'ils trouvent là les bras; il faut qu'ils puissent
tendre et détendre selon le caprice du marché, l'activité de leurs
opérations, sinon ils seront tout à fait incapables de soutenir dans la
lutte acharnée de la concurrence cette suprématie sur laquelle repose la
richesse de notre pays [9]. » Malthus lui-même, bien que de son point de
vue borné il explique la surpopulation par un excédent réel de bras et
de bouches, reconnaît néanmoins en elle une des nécessités de
l'industrie moderne. Selon lui, « les habitudes de prudence dans les
rapports matrimoniaux, si elles étaient poussées trop loin parmi la
classe ouvrière d'un pays dépendant surtout des manufactures et du
commerce, porteraient préjudice à ce pays... Par la nature même de la
population, une demande particulière ne peut pas amener sur le marché un
surcroît de travailleurs avant un laps de seize ou dix-huit ans, et la
conversion du revenu en capital par la voie de l'épargne peut
s'effectuer beaucoup plus vite. Un pays est donc toujours exposé à ce
que son fonds de salaire croisse plus rapidement que sa population [10].
» Après avoir ainsi bien constaté que l'accumulation capitaliste ne
saurait se passer d'une surpopulation ouvrière, l'économie politique
adresse aux surnuméraires, jetés sur le pavé par l'excédent de capital
qu'ils ont créé, ces paroles gracieuses, pertinemment attribuées à des
fabricants-modèles : « Nous fabricants, nous faisons tout notre possible
pour vous; c'est à vous de faire le reste, en proportionnant votre
nombre à la quantité des moyens de subsistance [11]. »

Le progrès industriel, qui suit la marche de l'accumulation, non
seulement réduit de plus en plus le nombre des ouvriers nécessaires pour
mettre en œuvre une masse croissante de moyens de production, il
augmente en même temps la quantité de travail que l'ouvrier individuel
doit fournir. A mesure qu'il développe les pouvoirs productifs du
travail et fait donc tirer plus de produits de moins de travail, le
système capitaliste développe aussi les moyens de tirer plus de travail
du salarié, soit en prolongeant sa journée, soit en rendant son labeur
plus intense, ou encore d’augmenter en apparence le nombre des
travailleurs employés en remplaçant une force supérieure et plus chère
par plusieurs forces inférieures et à bon marché, l'homme par la femme,
l'adulte par l'adolescent et l'enfant, un Yankee par trois Chinois.
Voilà autant de méthodes pour diminuer la demande de travail et en
rendre l'offre surabondante, en un mot, pour fabriquer des surnuméraires.

L'excès de travail imposé à la fraction de la classe salariée qui se
trouve en service actif grossit les rangs de la réserve, et, en
augmentant la pression que la concurrence de la dernière exerce sur la
première, force celle-ci à subir plus docilement les ordres du capital.
A cet égard il est très instructif de comparer les remontrances des
fabricants anglais au dernier siècle, à la veille de la révolution
mécanique, avec celles des ouvriers de fabrique anglais en plein XIX°
siècle. Le porte-parole des premiers, appréciant fort bien l'effet
qu'une réserve de surnuméraires produit sur le service actif, s'écrie :
« Dans ce royaume une autre cause de l'oisiveté, c'est le manque d'un
nombre suffisant de bras. Toutes les fois qu'une demande extraordinaire
rend insuffisante la masse de travail qu'on a sous la main, les ouvriers
sentent leur propre importance et veulent la faire sentir aux maîtres.
C'est étonnant, mais ces gens-là sont si dépravés, que dans de tels cas
des groupes d'ouvriers se sont mis d'accord pour jeter leurs maîtres
dans l'embarras en cessant de travailler pendant toute une journée [12]
», c'est-à-dire que ces gens « dépravés » s'imaginaient que le prix des
marchandises est réglé par la « sainte » loi de l'offre et la demande.

Aujourd'hui les choses ont bien changé, grce au développement de
l'industrie mécanique. Personne n'oserait plus prétendre, dans ce bon
royaume d'Angleterre, que le manque de bras rend les ouvriers oisifs !
Au milieu de la disette cotonnière, quand les fabriques anglaises
avaient jeté la plupart de leurs hommes de peine sur le pavé et que le
reste n'était occupé que quatre ou six heures par jour, quelques
fabricants de Bolton tentèrent d'imposer à leurs fileurs un temps de
travail supplémentaire, lequel, conformément à la loi sur les fabriques,
ne pouvait frapper que les hommes adultes. Ceux-ci répondirent par un
pamphlet d'où nous extrayons le passage suivant : « On a proposé aux
ouvriers adultes de travailler de douze à treize heures par jour, à un
moment où des centaines d'entre eux sont forcés de rester oisifs, qui
cependant accepteraient volontiers même une occupation partielle pour
soutenir leurs familles et sauver leurs frères d'une mort prématurée
causée par l'excès de travail... Nous le demandons, cette habitude
d'imposer aux ouvriers occupés un temps de travail supplémentaire
permet-elle d'établir des rapports supportables entre les maîtres et
leurs serviteurs ? Les victimes du travail excessif ressentent
l'injustice tout autant que ceux que l'on condamne à l'oisiveté forcée
(condemned to forced idleness). Si le travail était distribué d'une
manière équitable, il y aurait dans ce district assez de besogne pour
que chacun en eût sa part. Nous ne demandons que notre droit en invitant
nos maîtres à raccourcir généralement la journée tant que durera la
situation actuelle des choses, au lieu d'exténuer les uns de travail et
de forcer les autres, faute de travail, à vivre des secours de la
bienfaisance [13]. »

La condamnation d'une partie de la classe salariée à l'oisiveté forcée
non seulement impose à l'autre un excès de travail qui enrichit des
capitalistes individuels, mais du même coup, et au bénéfice de la classe
capitaliste, elle maintient l'armée industrielle de réserve en équilibre
avec le progrès de l'accumulation. Prenez par exemple l'Angleterre :
quel prodige que la masse, la multiplicité et la perfection des ressorts
techniques qu'elle met en œuvre pour économiser le travail ! Pourtant,
si le travail était demain réduit à une mesure normale, proportionnée à
l'ge et au sexe des salariés, la population ouvrière actuelle ne
suffirait pas, il s'en faut de beaucoup, à l’œuvre de la production
nationale. Bon gré, mal gré, il faudrait convertir de soi-disant «
travailleurs improductifs » en « travailleurs productifs ».

Les variations du taux général des salaires ne répondent donc pas à
celles du chiffre absolu de la population; la proportion différente
suivant laquelle la classe ouvrière se décompose en armée active et en
armée de réserve, l'augmentation ou la diminution de la surpopulation
relative, le degré auquel elle se trouve tantôt « engagée », tantôt «
dégagée », en un mot, ses mouvements d'expansion et de contraction
alternatifs correspondant à leur tour aux vicissitudes du cycle
industriel, voilà ce qui détermine exclusivement ces variations.
Vraiment ce serait une belle loi pour l'industrie moderne que celle qui
ferait dépendre le mouvement du capital d'un mouvement dans le chiffre
absolu de la population ouvrière, au lieu de régler l'offre du travail
par l'expansion et la contraction alternatives du capital fonctionnant,
c'est-à-dire d'après les besoins momentanés de la classe capitaliste. Et
c'est pourtant là le dogme économiste !

Conformément à ce dogme, l'accumulation produit une hausse de salaires,
laquelle fait peu à peu accroître le nombre des ouvriers jusqu'au point
où ils encombrent tellement le marché que le capital ne suffit plus pour
les occuper tous à la fois. Alors le salaire tombe, la médaille tourne
et montre son revers. Cette baisse décime la population ouvrière, si
bien que, par rapport à son nombre, le capital devient de nouveau
surabondant, et nous voilà revenus à notre point de départ.

Ou bien, selon d'autres docteurs ès population, la baisse des salaires
et le surcroît d'exploitation ouvrière qu'elle entraîne stimulent de
nouveau l'accumulation, et en même temps cette modicité du salaire
empêche la population de s'accroître davantage. Puis, un moment arrive
où la demande de travail recommence à en dépasser l'offre, les salaires
montent, et ainsi de suite.

Et un mouvement de cette sorte serait compatible avec le système
développé de la production capitaliste ! Mais, avant que la hausse des
salaires eût effectué la moindre augmentation positive dans le chiffre
absolu de la population réellement capable de travailler, on aurait
vingt fois laissé passer le temps où il fallait ouvrir la campagne
industrielle, engager la lutte et remporter la victoire !

De 1849 à 1859, une hausse de salaires insignifiante eut lieu dans les
districts agricoles anglais, malgré la baisse simultanée du prix des
grains. Dans le Wiltshire, par exemple, le salaire hebdomadaire monta de
sept shillings à huit, dans le Dorsetshire ou huit shillings à neuf,
etc. C'était l'effet d'un écoulement extraordinaire des surnuméraires
ruraux, occasionné par les levées pour la guerre de Crimée, par la
demande de bras que l'extension prodigieuse des chemins de fer, des
fabriques, des mines, etc., avait provoquée. Plus le taux des salaires
est bas, plus forte est la proportion suivant laquelle s'exprime toute
hausse, même la plus faible. Qu'un salaire hebdomadaire de vingt
shillings, par exemple, monte à vingt-deux, cela ne donne qu'une hausse
de dix pour cent : n'est-il au contraire que de sept shillings et
monte-t-il à neuf, alors la hausse s'élève à vingt-huit quatre septièmes
pour cent, ce qui sonne mal aux oreilles. En tout cas, les fermiers
poussèrent des hurlements et l'Economist de Londres, à propos de ces
salaires de meurt* de faim, parla sans rire d'une hausse générale et
sérieuse, « a general and substantial advance [14] ». Mais que firent
les fermiers ? Attendirent-ils qu'une rémunération si brillante fît
pulluler les ouvriers ruraux et prépart de cette manière les bras
futurs, requis pour encombrer le marché et déprimer les salaires de
l'avenir ? C'est en effet ainsi que la chose se passe dans les cerveaux
doctrinaires. Par contre, nos braves fermiers eurent tout simplement
recours aux machines, et l'armée de réserve fut bientôt recrutée au
grand complet. Un surplus de capital, avancé sous la forme d'instruments
puissants, fonctionna dès lors dans l'agriculture anglaise, mais le
nombre des ouvriers agricoles subit une diminution absolue.

Les économistes confondent les lois qui régissent le taux général du
salaire et expriment des rapports entre le capital collectif et la force
ouvrière collective, avec les lois qui distribuent la population entre
les diverses sphères de placement du capital.

Des circonstances particulières favorisent l'accumulation tantôt dans
telle branche d'industrie, tantôt dans telle autre. Dès que les profits
y dépassent le taux moyen, des capitaux additionnels sont fortement
attirés, la demande de travail s'en ressent, devient plus vive et fait
monter les salaires. Leur hausse attire une plus grande partie de la
classe salariée à la branche privilégiée, jusqu'à ce que celle-ci soit
saturée de force ouvrière, mais, comme l'affluence des candidats
continue, le salaire retombe bientôt à son niveau ordinaire ou descend
plus bas encore. Alors l'immigration des ouvriers va non seulement
cesser, mais faire place à leur émigration en d'autres branches
d'industrie. Là l'économiste se flatte d'avoir surpris le mouvement
social sur le fait. Il voit de ses propres yeux que l'accumulation du
capital produit une hausse des salaires, cette hausse une augmentation
des ouvriers, cette augmentation une baisse des salaires, et celle-ci
enfin une diminution des ouvriers. Mais ce n'est après tout qu'une
oscillation locale du marché de travail qu'il vient d'observer,
oscillation produite par le mouvement de distribution des travailleurs
entre les diverses sphères de placement du capital.

Pendant les périodes de stagnation et d'activité moyenne, l'armée de
réserve industrielle pèse sur l'armée active, pour en refréner les
prétentions pendant la période de surproduction et de haute prospérité.
C'est ainsi que la surpopulation relative, une fois devenue le pivot sur
lequel tourne la loi de l'offre et la demande de travail, ne lui permet
de fonctionner qu'entre des limites qui laissent assez de champ à
l'activité d'exploitation et à l'esprit dominateur du capital.

Revenons, à ce propos, sur un grand exploit de la « science ». Quand une
partie du fonds de salaires vient d'être convertie en machines, les
utopistes de l'économie politique prétendent que cette opération, tout
en déplaçant, à raison du capital ainsi fixé, des ouvriers jusque-là
occupés, dégage en même temps un capital de grandeur égale pour leur
emploi futur dans quelque autre branche d'industrie. Nous avons déjà
montré (voir « Théorie de la compensation », chapitre XV, numéro VI),
qu'il n'en est rien; qu'aucune partie de l'ancien capital ne devient
ainsi disponible pour les ouvriers déplacés, mais qu'eux-mêmes
deviennent au contraire disponibles pour les capitaux nouveaux, s'il y
en a. Ce n'est que maintenant qu'on peut apprécier toute la frivolité de
cette « théorie de compensation ».

Les ouvriers atteints par une conversion partielle du fonds de salaire
en machines appartiennent à diverses catégories. Ce sont d'abord ceux
qui ont été licenciés, ensuite leurs remplaçants réguliers, enfin le
contingent supplémentaire absorbé par une industrie dans son état
ordinaire d'extension. Ils sont maintenant tous disponibles, et tout
capital additionnel, alors sur le point d'entrer en fonction, en peut
disposer. Qu'il attire eux ou d'autres, l'effet qu'il produit sur la
demande générale du travail restera toujours nul, si ce capital suffit
juste pour retirer du marché autant de bras que les machines y en ont
jetés. S'il en retire moins, le chiffre du surnumérariat augmentera au
bout du compte, et, enfin, s'il en retire davantage, la demande générale
du travail ne s'accroîtra que de l'excédent des bras qu'il « engage »
sur ceux que la machine a « dégagés ». L'impulsion que des capitaux
additionnels, en voie de placement, auraient autrement donnée à la
demande générale de bras, se trouve donc en tout cas neutralisée,
jusqu'à concurrence des bras jetés par les machines sur le marché du
travail.

Et c'est là l'effet général de toutes les méthodes qui concourent à
rendre des travailleurs surnuméraires. Grce à elles, l'offre et la
demande de travail cessent d'être des mouvements partant de deux côtés
opposés, celui du capital et celui de la force ouvrière. Le capital agit
des deux côtés à la fois. Si son accumulation augmente la demande de
bras, elle en augmente aussi l'offre en fabriquant des surnuméraires.
Ses dés sont pipés. Dans ces conditions la loi de l'offre et la demande
de travail consomme le despotisme capitaliste.

Aussi, quand les travailleurs commencent à s'apercevoir que leur
fonction d'instruments de mise en valeur du capital devient plus
précaire, à mesure que leur travail et la richesse de leurs maîtres
augmentent; dès qu'ils découvrent que l'intensité de la concurrence
qu'ils se font les uns aux autres dépend entièrement de la pression
exercée par les surnuméraires; dès qu'afin d'affaiblir l'effet funeste
de cette loi « naturelle » de l'accumulation capitaliste ils s'unissent
pour organiser l'entente et l'action commune entre les occupés et les
non-occupés, aussitôt le capital et son sycophante l'économiste de crier
au sacrilège, à la violation de la loi « éternelle » de l'offre et la
demande. Il est vrai qu'ailleurs, dans les colonies, par exemple, où la
formation d'une réserve industrielle rencontre des obstacles importuns,
les capitalistes et leurs avocats d'office ne se gênent pas pour sommer
l'Etat d'arrêter les tendances dangereuses de cette loi « sacrée ».

Notes

[1] Census of England and Wales, 1861, vol. III, p. 36 et 39. London, 1863.

[2] L. c., p. 36.

[3] Un exemple frappant de cette augmentation en raison décroissante est
fourni par le mouvement de la fabrique de toiles de coton peintes. Que
l'on compare ces chiffres : en Angleterre cette industrie exporta en
1851 cinq cent soixante-dix-sept millions huit cent soixante-sept mille
deux cent vingt-neuf yards (le yard égale 0,914 millimètres) d'une
valeur de dix millions deux cent quatre-vingt-quinze mille six cent
vingt et une livres sterling, mais en 1861 : huit cent vingt-huit
millions huit cent soixante-treize mille neuf cent vingt-deux yards
d'une valeur de quatorze millions deux cent onze mille cinq cent
soixante-douze livres sterling. Le nombre des salariés employés, qui
était en 1851 de douze mille quatre-vingt-dix-huit, ne s'était élevé en
1861 qu'à douze mille cinq cent cinquante-six, ce qui fait un surcroît
de quatre cent cinquante-huit individus, ou, pour toute la période
décennale, une augmentation de quatre pour cent à peu près.

[4]John Barton : « Observation on the circumstances which influence the
condition of the labouring classes of society. » London, 1817, p. 16, 17.

[5] Ricardo, l. c., p. 480.

[6] L. c., p. 469.

[7]Richard Jones: « An introductory Lecture on Pol. Economy. » Lond.,
1833, p. 13.

[8] Ramsay, l. c., p. 90, 91.

[9] Il. Merrivale : « Lectures on colonisation and colonies. » Lond.
1841 et 1842, v. 1, p. 146.

[10] Malthus : « Principles of Pol. Economy », p. 254, 319, 320. C'est
dans ce même ouvrage que Malthus, grce à Sismondi, découvre cette
mirifique trinité capitaliste : excès de production, - excès de
population, - excès de consommation; three very delicate monsters, en
vérité ! v. Engels : « Umrisse zu einer Kritik der Nationaloekonomie »,
l. c., p. 107 et suiv.

[11] Harriet Martineau « The Manchester strike », 1842, p. 101.

[12] « Essay on Trade and Commerce. » Lond., 1770, p. 27, 28.

[13] « Reports of Insp. of Factories, 31 oct. 1863 », p. 8.

[14] Economist, jan. 21, 1860.

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